L’homme visionnaire de la réalité.

« L’imagination de l’homme s’exalte au contact de la Nature. Visionnaire du réel, il entreprend sa propre découverte.

Notre puissance imaginative est dans notre effort incessant pour nous rendre compte de nos rapports avec la Nature, de la place que nous y tenons, de la signification de notre venue parmi la foule des êtres. – Où cette imagination trouverait elle matière à
s’exercer sinon devant les formes infiniment variées du Squelette, d’où elle évoque la vie ?

Le squelette est la preuve matérielle de la continuité des formes, de la logique terrestre. Nulle Surprise : Chaque chose est préparée. L’ensemble est amené
à une suprême harmonie, telle que rien ne s’y peut changer. Une synthèse absolue de la terre en une seule créature est visible dans tout squelette, expression complète de la vraie beauté.


Chaque membre a le caractère de l’ensemble, ramassé ou allongé selon l’animal. Toutes ces formes immobiles révèlent la souplesse du mouvement qui fut. – Chaque os reprend la forme de l’os qui le précède et la transmet à celui qui le suit. Comme une conduite de la vie, un sillon unique se perpétue et marque chaque partie de sa trace.

L’esprit qui poursuit cette logique toute matérielle est frappé de l’expression de vitalité qui s’en dégage, et rapidement le squelette donne l’illusion de la vie et du mouvement disparus. »

Eugène Carrière, peintre, L’Homme visionnaire de la réalité
(squelettes et fossiles au Muséum d’histoire naturelle), 1903


Rêveries d’une Artiste.

De la Graine à l’os de vœu,
du temps long au temps court,
au moins les deux cents derniers millions d’années…
De l’apparition du Coco de mer à celle des plantes à fleurs…
Des Dinosaures Bipèdes (Théropodes) à l’origine des Oiseaux…
De la soudure des clavicules (chez les Théropodes) à la « Furcula » (os de vœu) des oiseaux…
Comme pour « Toumaï », le plus ancien d’entre nous,
(7 millions d’années), ces deux clavicules soudées, nez contre nez, ont un parfum d’éternité.
Recouvert d’or, ce double os de vœu nous renvoie tous
« les soleils du coeur » de l’Artiste.

Professeur Michel Brunet, paléontologue, père scientifique de « Toumaï » découvert en 2002. Collège de France, Paris, pour Viébel. ©

L’ARC DE VIE.

En donnant forme humaine à des os de poulet, Viébel inscrit
l’Homme dans une animalité au coeur du grand cycle du vivant :
celui qui aime, qui souffre, qui se reproduit et qui meurt.
Mais donner forme humaine à des os, c’est aussi ressusciter les morts.
Les morts sont partout.
Ils peuplent nos mémoires.
Depuis les gradins du grand cirque, silencieux, ils nous regardent, nous observent, guettent nos gestes, nos paroles.
Ils veillent.
Viébel redonne chair aux os, et donc redonne vie aux morts.
Et elle recouvre leurs restes d’un manteau de bronze que le temps ne détruit pas, que les épreuves patinent. Né d’un combat avec le feu,
le bronze invite à la sagesse, au respect. Sa présence…au silence.
Dans ce face à face, ce corps à corps, ce front contre front, ils sont à égalité, ceux qui se regardent et se combattent. Et le duel de devenir duo, l’un contre l’autre, soi contre soi.
Et le « Je olympique » de se transformer alors en « Nous »,
fraternel et solidaire.
Et les vœux d’enfance, peut-être d‘être exaucés.

Patrice Gree, libraire, écrivain, pour Viébel.

Le trait d’union du furcula…

De la chair en sueur jusqu’à la moelle des os, le souffle olympique tremble dans l’air vers une lueur interminable. Viébel sort du feu les tourments de l’effort pour une danse remplie de rêves et
d’empreintes solaires.

Sous cet Arc de vie, et dans ce ciel parisien, l’athlète est couleur d’écorce et son ombre illumine la fraternité qui dort sous d’invisibles flammes. Comme un flocon de neige, pleine d’étrusque audace, Viébel caresse le bonheur furtif d’une finale enivrante.

Un rayon colore les muscles en mouvement, les yeux raniment la mémoire des records, et l’énigme de l’émerveillement murmure un élan sans retour. Œuvre qui incarne les racines de la Vie, gouttes d’eau d’un printemps si loin où la graine d’or sourit au dessus du podium.

Morad El Hattab, essayiste, pour Viébel.

« Lève-toi et marche ! »

L’os de Vœux de Viébel fait retentir dans un silence étourdissant
l’antique impératif : « Lève-toi et marche ! ». Le bronze dont elle le
revêt le sculpte comme pour le rendre au minéral, à l’élémentaire,
à ce surcroît de métaphysique tout aussi silencieux, et tout aussi sonore.

Tel qu’il enjambe l’espace, l’os traduit l’arc de l’instant où le
premier hominidé a dressé son buste à la verticale.
Rapprochez le de l’Homme qui marche d’Alberto Giacometti,
et vous serez sidéré par son arrachement prodigieux à la terre et
aux éléments. Il les évide en dessinant sa ligne votive. Elle est faite
d’énigme et de beauté. Ainsi est née la fourche des bifurcations
aussi bien sémantiques qu’anthropologiques.

Une mise en scène minimale y préside : elle nous arrache des
larmes. Une mise en scène rehaussée de son coefficient de matière
de bronze. L’os vibre. Il bande ses muscles en athlète hauturier
et ascétique. Les Étrusques en seraient ses inventeurs, mais les
Étrusques sont des Africains, de même que les Grecs anciens,
comme nous l’enseignent Homère et Hérodote. Leur civilisation,
leur science, leur philosophie viennent du continent fondamental
où, à l’aube de l’humanité, nos ancêtres ont choisi la station
debout et la marche.


Nimrod Bena, Poète, pour Viébel.